Félicitations à la promotion de médecine Antoine Monsel
La promotion de médecine qui achève son deuxième cycle et s’apprête à débuter l’internat en septembre 2025 a choisi Antoine Monsel, vice-doyen délégué chargé du certificat de compétence clinique et des ECOS, comme parrain de promotion.
Une promotion pas comme les autres, qui a commencé son parcours d’études en pleine période de COVID, et qui s’apprête aujourd’hui à franchir une nouvelle étape avec enthousiasme et détermination.
Antoine Monsel s’est prêté au jeu de l’interview pour partager son expérience de parrain de promotion, son regard sur la formation médicale et les enjeux qui attendent les médecins de demain.
Qu’avez-vous ressenti en étant choisi comme parrain de cette promotion ?
J’ai été profondément ému et même surpris, par ce choix. Être désigné collectivement par toute une promotion est un honneur immense. Je pensais souvent rester en retrait, dans l’ombre des organisations pédagogiques et pourtant ils m’ont rappelé que l’on peut être reconnu et adopté par une génération entière d’étudiants. J’y ai vu à la fois une marque de confiance et un geste de gratitude qui me touchent beaucoup. Je voudrais aussi souligner que rien de tout cela n’est l’œuvre d’un seul : derrière moi, c’est un collectif de quarante personnes qui travaille d’arrache-pied et je tiens à citer particulièrement Marie-Christine Renaud et Manon Allaire, les 2 piliers sine qua non de l’organisation de notre groupe ECOS.
Cette promotion a vécu ses premières années d’études en pleine période de COVID. En quoi pensez-vous que cette expérience a marqué leur formation et leur vision du métier de médecin ?
Leur parcours a été marqué à jamais par cette crise. Certains ont été mobilisés très tôt, parfois trop tôt, comme renforts sanitaires. D’autres ont subi de plein fouet les confinements successifs, et nous savons aujourd’hui grâce à la littérature publiée sur ce sujet que l’impact psychologique fut plus délétère encore en cas de confinement “passif”, hors du soin, qu’en étant au contact du terrain. Cette génération porte sans doute une forme de “post-trauma” dont il faut rester conscients et vigilants. Mais de cette épreuve, ils ont aussi tiré des qualités rares : le sens de l’altruisme, la solidarité, la capacité à mutualiser leurs forces et à s’entraider. Ils ont appris à être soignants dans un monde en crise, et cela les a forgés.
Cette année, la promotion a terminé première du classement de l’ECN. À quoi attribuez-vous cette réussite exceptionnelle ?
Avant tout, à eux-mêmes : à leur travail, leur sérieux, leur talent. Mais je crois que leur réussite aux ECOS nationaux repose aussi sur un modèle pédagogique singulier que nous avons bâti ensemble à Sorbonne Université. Je pense au formidable engagement des équipes, notamment celle de Jacques Boddaert et du groupe D4NF avec leurs ateliers interactifs et leurs conférences “ECOSnaissances”.
Je pense au travail acharné du groupe ECOS que j’ai l’honneur de coordonner : nous avons mis en place les trois ECOS du Certificat de compétence clinique en DFASM1, 2 et 3, ainsi que nos ateliers Sim-ECOS qui permettent à chaque étudiant de s’exposer, grandeur nature, à l’examen tel qu’il est pratiqué au niveau national. Le groupe ECOS a également mis à disposition des étudiants de second cycle plus de 50 sujets d’ECOS (annales des précédents ECOS facultaires des CCC), et plus d’une 30aine de capsules vidéos retraçant la résolution de stations d’ECOS de type relationnels ou techniques et procéduraux. Je pense aussi à l’articulation avec le département de relation de soins, coordonné par Laure Gossec, avec Manon Allaire et toute l’équipe, qui ancre l’enseignement de l’interaction médecin-patient au cœur de la formation. Ce tissu pédagogique est dense, innovant, vivant, et je crois qu’il a largement contribué à leur éclatante réussite.
Selon vous, quelles seront les grandes missions ou responsabilités qui attendent cette génération de médecins ?
Ils arrivent dans un monde médical en plein bouleversement. D’un côté, une population vieillissante, plus fragile, avec une charge de morbidité toujours plus lourde. De l’autre, des moyens contraints, des budgets en tension, une démographie médicale qui ne suit plus. Ils vont devoir affronter ce paradoxe : soigner davantage, avec moins. À cela s’ajoute l’arrivée massive de l’intelligence artificielle, dans nos pratiques cliniques comme dans la recherche et l’enseignement. Il faudra apprendre à l’apprivoiser, en faire un allié, sans jamais s’y soumettre. La médecine personnalisée s’impose aussi : nous ne soignons plus un “syndrome”, mais des phénotypes, des trajectoires individuelles, des malades et non des maladies. Ce sont des perspectives vertigineuses, fascinantes et exigeantes à la fois. Mais je crois qu’au-delà des outils, leur plus grande responsabilité restera toujours la même : préserver l’humanité de la médecine. C’est elle, et elle seule, qui donne sens à tout le reste.
Qu’aimeriez-vous que ces étudiants retiennent de vous, en tant que parrain, dans leur future carrière ?
J’aimerais qu’ils se souviennent que la transmission est une chaîne. Que si nous, enseignants, avons eu du plaisir à les accompagner, c’est parce que nous croyons que ce plaisir sera prolongé par eux, demain, auprès d’autres générations. J’aimerais aussi leur dire que la passion a toujours été le moteur de mon parcours : trouver ce qui vous anime vraiment est la clé pour avancer avec énergie et enthousiasme. Qu’enseigner avec empathie et bienveillance doit toujours être la règle, et que loin d’être incompatible avec l’exigence et la performance, cette posture en est au contraire un formidable levier. Enfin, je voudrais qu’ils gardent en mémoire que le savoir se transmet d’autant mieux qu’il est porté avec humanité et avec respect.