Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires

Brigitte Autran, professeure émérite en immunologie à la faculté de médecine Sorbonne Université a été nommée au 1er août 2022 présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires, institué auprès des ministres chargés de la Santé et de la Recherche et qui succède au Conseil scientifique mis en place pendant la crise Covid.

Spécialiste des virus, le Pr. Brigitte Autran a travaillé sur de nombreux sujets médicaux dont la stratégie vaccinale anti-covid, le VIH, le cancer, les maladies infectieuses et l'immunologie des vaccins contre des virus types influenza. Ancienne cheffe de clinique en maladies infectieuses à l’Hôpital Claude Bernard, elle a réalisé l’ensemble de sa carrière en immunologie à la faculté de médecine Sorbonne Université et à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière. Elle a été membre du comité scientifique vaccins et du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. Elle répond à nos questions suite à sa nomination.

Les missions du nouveau comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires

  • Assurer une mission de veille scientifique sur ces nouveaux risques sanitaires ;
  • Modéliser les données recueillies et établir des projections ;
  • Émettre des recommandations lorsqu’une projection fait apparaître un risque sanitaire ;
  • Émettre des recommandations sur les mesures envisagées par les autorités publiques afin de lutter contre une crise sanitaire ;
  • Émettre des recommandations sur la stratégie vaccinale mise en œuvre, le cas échéant, face à une menace sanitaire identifiée par le comité.

Professeure, quel est le rôle du comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires ?
Ce comité va évaluer les risques sanitaires mettant en jeu la santé publique, principalement dans un concept de maladies infectieuses entrant dans le champ de la santé globale, c’est-à-dire une santé humaine en lien avec la santé animale (zoonoses - maladies d’origine animale qui se transmettent à l’homme et inversement), et la santé de la flore.
Les risques proviennent de n’importe où dans le monde, en lien avec les changements climatiques, la pollution, l’alimentation. Il est important d’anticiper les crises, en faisant de la prévention, en évaluant les stratégies vaccinales, en mettant en place les mesures barrières ou encore d’autres mesures.

Pouvez-vous présenter l'équipe de chercheurs qui compose le comité ?
Le comité se compose de chercheurs et de professionnels de santé qui ont une renommée nationale et internationale dont l’objectif est de donner des avis aux ministères de la santé et de la recherche, en relation étroite avec tous les organismes de recherche et les agences sanitaires (Santé publique France, ANSES, HAS, ANRS). Ce comité de veille n’est ni un organe de gestion de crises, ni un organe de recherche. C’est un conseil de liaison très agile qui se mobilisera très rapidement.
Les membres du comité essaieront de réaliser une synthèse des informations remontant de France et de l’étranger pour donner des conseils au gouvernement, tirer des sonnettes d’alarme justifiées, validées scientifiquement et interprétées. Le comité sera multidisciplinaire et essaiera de couvrir tous les domaines d’expertise. Pour les risques spécifiques, nous essaierons d’associer des groupes d’experts ad hoc. Nous avons déjà constitué un bureau et composé un conseil depuis la première quinzaine de septembre.

Quels vont être les grands sujets abordés ?
Nous allons d’abord établir une méthode de travail et une feuille de route des risques à explorer, hiérarchisés selon la sévérité et l’éminence du risque. Un groupe s’occupera des problématiques Covid et Monkeypox, un groupe vaccin reprendra la suite du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. Ce conseil devra répondre rapidement à des saisines du gouvernement et être capables de s’auto-saisir sur des sujets urgents pour les proposer au gouvernement et leur donner un avis. Les avis qui seront donnés seront rendus publics et publiés sur le site du Ministère de la santé.

Une 8e vague de Covid semble être attendue à l’automne avec de nouveaux variants. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour l’instant nous n’en savons pas plus sur l’évolution des variants. Il y a suffisamment de vaccins pour couvrir les besoins en France et de nouveaux vaccins arriveront en octobre, adaptés à certains des sous-variants Omicron qui ont circulé cet été. L’urgence de faire un vaccin pendant l’été était telle qu’il a fallu accélérer les choses mais les dossiers doivent répondre aux cadres légaux internationaux pour obtenir les autorisations. L’idée c’est d’aller le plus vite possible en respectant tous les contrôles de sécurité et tous les contrôles d’efficacité.