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« L’institut universitaire d'ingénierie en santé est l'un des tout premiers instituts de Sorbonne Université »

Marie-Aude Vitrani, maîtresse de conférences à l’institut des systèmes intelligents et de robotique (Isir) co-dirige avec le chirurgien urologue, Pr Pierre Mozer, l’institut universitaire d'ingénierie en santé (IUIS).

Cet institut a pour mission d'encourager l'innovation pédagogique, scientifique et technologique pour la santé en offrant une structure d'accueil aux équipes pluridisciplinaires regroupées autour de l’interaction entre l'ingénierie, la santé et les sciences humaines et sociales.

Comment s’est constitué l'institut ?

Marie-Aude Vitrani : Créé en 2014, l'IUIS est l'un des tout premiers instituts de Sorbonne Université. Il est né de la volonté d’ingénieurs intéressés par le domaine de la santé et de quelques médecins impliqués dans des conceptions de dispositifs médicaux, de rapprocher les deux communautés scientifiques et médicales.

La recherche sur les dispositifs technologiques en santé est récente. Ingénieurs et médecins ont vu l’importance de travailler ensemble sur ce sujet : les premiers pour mieux comprendre les besoins médicaux, les seconds pour savoir ce qui était concrètement faisable, et ensemble faire des propositions plus pertinentes.

Quels sont ses enjeux en termes de recherche et d’innovation ?

M.-A. V. : Au départ, l’IUIS a lancé des appels à projet avec des financements d’amorçage pour initier des collaborations sur de nombreux sujets. Puis, il a financé des programmes plus ambitieux et de plus long terme autour de trois grands axes (les pathologies respiratoires, les problèmes d'autonomie et la prédiction des cancers).

Aujourd’hui, notre volonté est d’élargir nos thématiques de recherche au-delà de ces axes en accompagnant tous les porteurs de projet qui souhaitent monter une collaboration pluridisciplinaire en lien avec l’ingénierie en santé. Ces projets doivent être portés à la fois par une équipe clinique et une équipe de recherche de Sorbonne Université.

Si les équipes de la faculté de Médecine travaillent depuis longtemps avec les laboratoires de l’unité de formation et de recherche d’ingénierie, comme l'Isir ou le laboratoire d’informatique LIP6, nous souhaiterions également développer le lien avec la faculté des Lettres. Cette ouverture vers les sciences humaines et sociales permettrait d’interroger les dispositifs médicaux d’un point de vue épistémologique mais aussi sociologique : quels sont les enjeux de ces innovations technologiques ? Que changent-elles lorsqu’on les introduit dans un bloc opératoire pour le chirurgien ? pour l’équipe ? pour les patients ? etc.

Quels sont ses enjeux en termes de formation ?

M.-A. V. : Il y a un véritable enjeu de formation, notamment avec la réforme des études de santé qui offre aux étudiantes et étudiants de médecine la possibilité de suivre une mineure dans une autre discipline. Réciproquement, celles et ceux de sciences ou de lettres peuvent s'inscrire à une mineure de médecine dès la première année.

Depuis trois ans, nous avons développé des formations centrées sur l’entreprenariat et à l’innovation en santé. Ces formations sont pensées pour les publics étudiants des trois facultés de Sorbonne Université. Un premier module est proposé à un public très varié. En particulier aux étudiants et étudiantes des mineures transdisciplinaires « innovation en santé » et « humanités médicales ». Nous intervenons également dans le master ingénierie pour la santé et dans le master de management de l’innovation. Enfin les étudiants de 4e ou de 5e année peuvent aussi participer à ces modules en tant qu’auditeurs libres. Ces cours sont pour l’essentiel financés par des projets déposés par l’IUIS en réponse à des appels européens organisés par l'European Institute of Technology & Innovation Health.

Quelle aide apporte concrètement l’IUIS à sa communauté ?

M.-A. V. : Nous aidons les chercheuses et les chercheurs à monter et déposer leurs projets, à trouver des financements publics ou privés. Nous accompagnons les porteuses et porteurs de projet à nouer des collaborations avec des collègues d’autres disciplines ou avec le monde industriel.
Nous leur apportons également une aide financière à travers la mise en place de bourses de thèses, de financements de stages de contrats postdoctoraux et de postes d’accueil AP-HP1 qui permettent à des médecins de se libérer de leur activité clinique pour réaliser une activité de recherche. Enfin, nous faisons le lien avec les services de valorisation des facultés pour celles et ceux qui veulent initier un transfert de leur technologie.

Prochainement, nous allons également mettre en place des séminaires, des workshops et des congrès, interdisciplinaires pour faciliter les rencontres entre les communautés des trois facultés.

•    Quel impact les recherches réalisées au sein de l’institut peuvent-elles avoir sur la société ?

M.-A. V. : Il existe de plus en plus de dispositifs techniques dans les hôpitaux et à domicile qui accompagnent les patients et les personnels soignants, comme les robots chirurgicaux. Il est donc important qu'ils soient pensés pour et par les usagers, mais aussi en lien avec des partenaires industriels qui peuvent en assurer le transfert technologique.  

Cette démarche qui tend à associer scientifiques, médecins, patients et monde industriel s'appelle la recherche translationnelle. C'est elle que nous essayons de promouvoir en accompagnant les différents acteurs de l’IUIS à travailler dans ce sens.


1 Assistance publique - Hôpitaux de Paris

Qu'est-ce que l'Institut universitaire d'ingénierie en santé ?