• Communiqué de presse

Une enquête internationale pour améliorer la prise en charge des nombreuses victimes lors d’attaques terroristes

Des équipes de l’AP-HP, d’Université de Paris, de Sorbonne Université, de l'Université Paris-Est Créteil, du Royal London Hospital et du Raigmore Hospital d’Inverness, ont mené une enquête internationale pour identifier les points de fragilité à améliorer pour la prise en charge des nombreuses victimes d’attentats en vue de crises terroristes futures. Les équipes ont conduit, par voie électronique, une étude afin de recueillir les expériences des cliniciens en matière de direction médicale de crise lors d’évènements terroristes. Les résultats de cette étude ont fait l’objet le 6 novembre 2021 d’une publication dans la revue British Journal of Anaesthesia (BJA).
 
Les rapports publiés dans les suites immédiates des attaques terroristes qui ont fait un grand nombre de victimes ne rendent souvent pas correctement compte des difficultés rencontrées par les équipes médicales. L’objectif du présent travail était d'identifier les points de fragilité à améliorer pour la prise en charge des nombreuses victimes d’attentats en vue de crises terroristes futures.
 
Les équipes ont conduit, par voie électronique, une étude afin de recueillir les expériences des cliniciens en matière de direction médicale de crise lors d’évènements terroristes. L’enquête initiale a permis d'identifier ce qui a bien fonctionné, ou non, lors d'attentats terroristes de masse, mais aussi les défis résiduels et les changements qui ont été mis en œuvre depuis les évènements. Une enquête quantitative de suivi a mesuré la concordance entre les réponses dans chacun des thèmes au moyen d’une échelle de Likert. En effet, après une analyse qualitative de la première enquête, des thèmes communs ont été identifiés pour construire un questionnaire en ligne structuré et anonymisé. Il s’agissait de confirmer si l’équipe avait bien saisi les priorités des participants. Celui-ci a été envoyé à tous les répondants à l'enquête initiale en novembre 2020.
 
33 participants ont répondu, provenant de 22 hôpitaux ayant reçu des victimes d'un attentat terroriste, représentant 17 villes de pays à revenu faible, moyen et élevé.
 
La première enquête a identifié que les ressources humaines étaient suffisantes (parfois abondantes), bien que la coordination du personnel soit un défi. Les difficultés soulignées étaient la communication, la sécurité et la gestion des blessures dues aux explosions. Les changements les plus fréquemment mis en œuvre ont été la formation à la prise en charge des blessures spécifiques, la révision des plans futurs et les exercices de préparation. Les défis résiduels étaient le manque de temps alloué à la formation.
 
L'enquête de suivi a enregistré le plus grand consensus parmi les experts sur la nécessité d'un « re-triage » à l'hôpital (90% d'accord), sur l’utilité des rôles de coordination (85% d'accord), sur les importants besoins d’adaptabilité (100% d'accord) et sur la nécessité des exercices à grande échelle (95% d'accord).
Cette enquête synthétise l'expérience internationale acquise par les cliniciens qui ont eu à gérer des évènements terroristes ayant fait de nombreuses victimes. L'organisation de la réponse humaine, plutôt que l’utilisation de matériels, est apparue comme le principal enjeu.
 
Référence: Rosel Tallach, Sharon Einav, Karim Brohi, Kirthi Abayajeewa, Paer-Sellim Abback, Chris Aylwin, Nicola Batrick, Mathieu Boutonnet, Michael Cheatham, Fabrice Cook, Sonja Curac, Stephanie Davidson, Hilary Eason, Nick Fiore, Christine Gaarder, Sanjeewa Garusinghe, Eric Goralnick, David Grimaldi, Kritaya Kritayakirana, Jacques Levraut, Tobias Lindner, Sven Märdian, Ashley Padayachee, Sabeena Qureshi, Suneil Ramessur, Mathieu Raux, Amila Ratnayake, Michael Römer, Hobnojit Roy, Eunice Tole, Sheila Tose, Fernando T. Fuentes, Tobias Gauss, for theGlobal Initiative for Mass casualty Incidents Learning (GIMiLi) Collaborative, British Journal of Anaesthesia (BJA).
 
DOI: https://doi.org/10.1016/j.bja.2021.10.003