Irina Giurgea a pris la direction du laboratoire maladies génétiques d’expression pédiatrique (UMR-933) en janvier 2024
Médecin pédiatre de formation, Irina Giurgea s'est rapidement spécialisée en génétique. Les maladies rares qui touchent les enfants ont des causes génétiques dans 80 % des cas. Elle s’est consacrée à l’étude de plusieurs de ces maladies avec l’objectif d’améliorer leur diagnostic et la prise en charge des patients.
"Les connaissances en génétique ont explosé depuis vingt ans. Alors qu’autrefois on étudiait un seul gène à la fois, aujourd’hui il est possible d’analyser le génome entier d’un patient et d’identifier parmi les millions de variations moléculaires présentes dans son génome, celle éventuellement responsable de sa maladie. Cette analyse est cependant très complexe car si, de façon imagée, on considère qu’un gène représente deux pages d’un livre, le génome représente alors une bibliothèque entière. La bioinformatique nous aide certes à lire l’ensemble de ces données, mais c'est à nous, chercheurs, de les interpréter. On peut considérer qu’une mutation s’apparente à une faute d'orthographe ou à un changement d'un mot. Si le mot est remplacé par un synonyme, la phrase reste parfaitement lisible et l'organisme fabriquera la pièce correspondante, une protéine qui fonctionnera normalement. Ce type de variations explique une part de la diversité de nos caractères (comme par exemple la couleur des cheveux ou des yeux). Mais certains changements ont des conséquences graves : la protéine n’est plus produite ou n’est plus fonctionnelle. Le fonctionnement cellulaire est alors altéré car il manque une pièce au puzzle. En fonction de l'endroit où se trouve cette pièce dans le puzzle, cela peut être plus ou moins grave et favoriser la survenue d’une maladie".
Le laboratoire maladies génétiques d’expression pédiatrique (UMR-933) INSERM / Sorbonne Université est une unité mono-équipe pluri-thématique dédiée à l'étude de plusieurs maladies rares :
- Maladies pulmonaires (dyskinésies ciliaires primitives et pneumopathies interstitielles diffuses)
- Maladies du développement (déficits hypophysaires et résistances à l’hormone de croissance, déficits intellectuels syndromiques et troubles psychiatriques et insuffisances ovariennes précoces)
- Maladies auto-inflammatoires
La recherche menée, à la fois fondamentale et translationnelle, a d’importantes implications pour la prise en charge des patients et de leur famille. Les études moléculaires et cellulaires associées à l’analyse du phénotype des patients contribuent, au-delà de l’identification des nouveaux gènes impliqués dans la survenue de maladies, à améliorer nos connaissances des voies biologiques perturbées et des mécanismes physiopathologiques sous-jacents.
L'UMRS 933 est étroitement liée à l’Unité Fonctionnelle (UF) hospitalière de génétique moléculaire également située à Trousseau. Ces interactions constituent un atout essentiel de l'unité qui bénéficie du recrutement de patients via cette UF reconnue "Laboratoire de Biologie Médicale de Référence" par le Ministère de la Santé. En retour, certaines des connaissances acquises au sein l’UMRS 933, comme l’identification de nouveaux gènes de maladies, sont immédiatement transférées au sein de l’UF hospitalière, au bénéfice des patients et de leur famille (diagnostic moléculaire).
"Le monde de la recherche est un monde passionnant. Dans mon domaine, en génétique, les découvertes ont permis de révolutionner la prise en charge de plusieurs maladies et donc de littéralement changer la vie de certains de ces patients. J'ai envie de dire aux jeunes qui s’engagent dans cette voie qu’il suffit d’être curieux et vous serez très vite passionnés. La thématique de recherche importe finalement peu dès lors que vous vous investissez avec l’espoir de répondre aux questions stimulées par votre curiosité. Ces questions sont un moteur formidable qui fait qu'on ne n’ennuie pas, que nos journées passent bien trop vite. Ce travail de chercheur nécessite cependant d’être persévérant pour bien souvent n’identifier qu’une partie de la solution, tellement les mécanismes en jeu à l’origine d’une maladie sont complexes. Cela demande parfois la mise au point de différents systèmes expérimentaux qui dépendent du gène ou de la protéine que l’on étudie. Le chercheur doit en permanence adapter sa démarche en fonction des résultats obtenus et de l’avancée des connaissances par la communauté scientifique. Le plus important est sans doute la question posée. Toute expérience est intéressante quel que soit le résultat obtenu. À cet égard, j’encourage toujours les plus jeunes, les doctorants, à s’interroger sur la pertinence des expériences qui leur sont proposées mais aussi à aborder le sujet sans aucun a priori. Comme le soulignait Sydney Brenner, cela favorise l'objectivité, stimule la créativité et permet de considérer des hypothèses nouvelles, ce qui peut être crucial pour faire avancer un programme de recherche".
Site du laboratoire : https://geneticdiseases-lab.fr/