Lancement réussi pour les journées d’enseignement au savoir-être des internes

   
Les 11 et 23 janvier derniers, 120 étudiants internes en médecine de première année d’études spécialisées ont pu suivre un séminaire de formation au savoir-être organisé par le Pr. Mathieu Raux, coordinateur principal du DES en anesthésie-réanimation médecine péri-opératoire de la faculté de médecine Sorbonne Université et par la Dr. Emmanuelle Dolla, praticienne-hospitalière et cheffe d’unité adjointe en anesthésie-réanimation à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière.

« Il s’agit d’une formation innovante visant à combler les lacunes de formation au savoir-être chez les jeunes médecins, dans le but d’améliorer la qualité de la relation médecin/malade, mais également interprofessionnelle »

Mathieu Raux

Entretien avec le Dr Emmanuelle Dolla

Quels ont été les temps forts de ce séminaire de formation ?
Le séminaire s’est déroulé sur deux jours. La première journée était axée sur la qualité d’interne en médecine et le métier d’anesthésiste-réanimateur. La gestion de la  charge mentale, émotionnelle, de travail et du stress sont prépondérantes dans notre métier car nous prenons en charge des patients au cours de situations critiques que ce soit au bloc opératoire ou bien en réanimation.


Pour aborder ces thématiques, nous avons fait appel à une agence internationale de négociateurs professionnels Adn group. Des mises en parallèle ont ainsi pu être réalisées avec le quotidien des pilotes de l’air et des négociateurs opérationnels du raid qui sont soumis à des charges mentales, émotionnelles et de stress comparables. La seconde journée était axée sur la gestion des interactions et des profils complexes grâce à des mises en situation proposées par Marwan Mery, un ancien négociateur du raid et sa co-équipière Aude Pichaud.

En quoi est-ce important pour un.e interne anesthésiste-réanimateur d’être formé au savoir-être ?
Nous sommes extrêmement bien formés au cours de nos études pour ce qui est de nos compétences techniques. Le métier d’anesthésiste-réanimateur est très technique avec beaucoup de gestes, de protocoles ayant permis au cours des dernières décennies une avancée majeure en termes de sécurisation de l’anesthésie-réanimation. Mais il était grand temps de s’intéresser au savoir-être des internes, futurs professionnels en responsabilité. Ce pourquoi on n’est pas vraiment formé, ce sont le nombre d’interactions que l’on va avoir avec nos collègues. On a un métier d’équipe. Tout repose sur l’équipe, que ce soit en anesthésie ou en réanimation. Depuis 2 ans, nous avons de plus en plus d’interactions avec les patients et leurs proches car nous encadrons toute la médecine péri-opératoire (suivi des patients en amont et en aval de leur parcours chirurgical). Les qualités du savoir-être essentielles à notre métier et que l’on ne nous apprend pas sont la communication, la possibilité de travailler en équipe, le leadership.

Quels retours avez-vous de la part des étudiants en interne sur ce séminaire ?
Nous avons eu des retours intéressants et positifs de leur part, ce qui nous aide à avancer sur le programme. Ce sont des sujets qui n’avaient jamais été abordés.
Au cours de leur première année de DES, les internes se retrouvent un peu plus en responsabilités vis-à-vis des patients et de leurs proches, avec une place particulière dans l’équipe ce qu’ils n’avaient pas avant en tant qu’externes. Ils commencent à entrevoir les situations complexes, tout en n’étant pas en première ligne car ils sont encore en apprentissage de leurs connaissances approfondies en anesthésie-réanimation, de la technicité du métier. Le but de ce séminaire était de les mettre sur la bonne voie sur ces compétences non techniques. Ils ont peut-être encore du mal à se projeter dans ces situations complexes alors que nous en tant que médecins séniors nous les vivons au quotidien. Nous aimerions d’ailleurs pour les internes en milieu ou fin de cursus un module de formation car ils auront déjà vécu des situations complexes et nous partirions de leurs propres expériences.

Crédits photos : ADN Group / J.crouzillac et Service de communication Faculté de médecine Sorbonne Université