Les étudiants en médecine participent à une formation de sauvetage au combat

Au cœur du Val-de-Grâce, le Centre d’Enseignement et de Simulation de Médecine Opérationnelle (CESimMO) propose des sessions de formations de sauvetage au combat à destination des médecins et des infirmiers des forces armées. Ces derniers se trouvent immergés dans des situations proches de la réalité pour apprendre à gérer les blessés dans des situations de guerre.

Dans les anciennes salles de l’hôpital désaffecté du Val- de-Grâce, des étudiants en médecine, des militaires de la section sentinelle et des mannequins se préparent, grimés de fausses blessures et suivant un scénario précis de mise en situation.

Les 44 praticiens militaires fraichement émoulus de leur DES de médecine générale inscrits à la formation passent de salle en salle, de situation de crise simple en situation de crise complexe, accompagnés de leur formateur qui note leurs actions et attitude. La formation est axée sur les compétences de sauvetage au combat de niveau 3 que seuls des infirmiers ou médecins peuvent mettre en œuvre. A la fin de chaque scénario, le groupe bénéficie d’une phase de rétroaction et cherche les voies d’amélioration.

Lors de cette formation, les stagiaires se retrouvent dans des situations de prise en charge de blessés de plus en plus nombreux au fil des journées. Au début de la session, ils s’occupent d’ une victime et en fin de session, ce sont dix blessés simultanés qu’ils doivent soigner et évacuer. Les stagiaires mettent en œuvre une technique basée sur l’algorithme SAFE MARCHE RYAN.
Cet acronyme permet de mémoriser les actions à effectuer dans l’ordre, permettant de systématiser la prise en charge et d’améliorer sensiblement les chances de survie aux blessés :

S :  stop the burning process ou éteindre la menace par des actions offensives ou l’instabilité du terrain par exemple
A :  asess the scene :  évaluation globale de la situation. Le nombre de blessés, les moyens en place, le déplacement à effectuer, …
F :  free of danger for you :  ne pas s’exposer
E :  evaluate : s’il y a plusieurs blessés, faire un tri, et un traitement simple, s’il y a un seul blessé passer à l’étape MARCHE

M :  massive bleeding control :  maitrise des hémorragies massives
A :  airway : assurer la liberté des voies aériennes supérieures
R :  respiration :  rétablir la respiration
C :  choc : contrôler la circulation
H :  head/hypothermia : évaluer les lésions neurologiques, prévenir l’hypothermie
E :  evacuation : préparer l’évacuation

R :  réévaluer
Y :  Yeux, ORL :  vérifier les yeux et les oreilles
A :  analgésie :  traiter la douleur
N :  nettoyer et prévenir l’infection

Pour réaliser ces exercices, les internes stagiaires en treillis portent le poids d’une arme factice, d’un sac à dos chargé d’un casque et d'un gilet de protection qui les gênent dans leurs mouvements. Dans les couloirs de l’hôpital désaffecté, l’électricité ne fonctionne plus. Les couloirs sombres dégagent une atmosphère de temps de guerre. Les soldats portent une lampe frontale, les faisceaux lumineux rayent les carrelages fendus.  Les mannequins très réalistes et les acteurs improvisés que deviennent les étudiants et les militaires mettent en situation de stress. Les cris résonnent dans le noir. L’eau colorée de rouge coule dans les salles telles des trainées de sang. Pour l’observateur, la scène est très impressionnante. Les médecins et infirmiers diagnostiquent, cautérisent et sécurisent leurs blessés dans une ambiance d’urgence. Puis tout s’arrête et le groupe analyse la situation, s’autocritique, cherche à s’améliorer.

Ces formations menées par le Centre d’Enseignement et de Simulation de Médecine Opérationnelle sont terriblement efficaces et leur coordination très précise. L’objectif est de s’entrainer à prendre en charge des blessés pour limiter les morts évitables, au moyen de procédures précises.

Les étudiants de la faculté de médecine ont été sollicités pour prendre le rôle des blessés lors de cette formation exceptionnelle par le nombre de stagiaires formés. Ils ont répondu présents très rapidement, et ce grâce à l’aide de Marie-Christine Renaud qui a relayé la demande de manière très efficace. Cette implication des étudiants montre leur dynamisme et leur civisme. Ils ont pu ainsi mieux comprendre ce qu’est la médecine militaire en interagissant avec des médecins, et infirmiers d’active et de réserve du service de santé des armées.