Les infirmier(e)s en pratiques avancées, un nouveau métier de la santé
Les pratiques avancées infirmières ont lentement émergé en France avec les protocoles de coopération puis les formations d’infirmier de pratiques avancées (IPA), mais la France est en retard sur ce sujet. Trois raisons principales sous-tendent la nécessité de développer les IPA : la complexité de la médecine moderne et le constat d’un hiatus de fonction entre les infirmiers (bac +3) et les médecins (bac +9 à 12) ; l’augmentation importante des besoins de santé du fait de l’allongement de la vie et du progrès médical ; enfin la nécessité de mettre en place des perspectives de progression de carrière pour les infirmiers dans la pratique du soin.
La Faculté de médecine Sorbonne Université a ouvert 4 des 5 mentions actuellement existantes : maladies chroniques, hémato-oncologie, santé mentale, et la plus récente, urgences (https://sante.sorbonne-universite.fr/formations/de-ipa). Dans notre Faculté, ces formations s’intègrent dans le master des formations en santé dirigé par le Pr. Kiyoka Kinugawa, épaulée par Mme Florence Cayetanot MCU en sciences et Mme Judith Leblanc récemment recrutée MCU en sciences infirmières pour compléter l’équipe pédagogique. Il me semble urgent de créer les mentions suivantes : petite enfance, grand âge, premier recours, et prélèvement d’organes et de tissus et transplantations et la Faculté de médecine est prête à le faire dès que ces mentions seront officiellement créées. Des problèmes liés à ces nouveaux métiers sont incomplètement résolus : grille salariale décourageante, responsabilité médico-judiciaire, encadrement médical, et surtout budgétisation des postes d’IPA dans les établissements de santé. La création des IPA en 2018 était une bonne orientation mais trop timide et empêchée de se développer à sa juste mesure.
L’urgence de la situation douloureuse de notre système de santé (crises covid et post-covid, crise du recrutement, gestion inappropriée de la démographie médicale globale, absence de régulation de la démographie des différentes spécialités, absence de réflexion à long terme sur l’évolution des spécialités) fait que les IPA constituent une des solutions au problème, solution d’autant plus intéressante qu’elle permettrait d’obtenir des effets visibles à court terme (alors que l’action sur la formation des médecins se fera sentir dans 10 à 15 ans). L’orientation décidée en 2018, avec la création de la formation d’IPA était la bonne mais elle a été trop timide et empêchée de se développer à sa juste mesure. Il devient urgent d’agir. Vous trouverez dans l’article ci-joint, parus dans les Tribunes de la santé les éléments qui me semblent clés dans le débat actuel sur les IPA (Lire l'article).
Bruno Riou
Doyen de la Faculté de médecine
Sorbonne Université