Lutte contre les revues prédatrices
Les publications dans des revues médicales et scientifiques sont la principale source d’information en médecine et contribuent au développement individuel des carrières des professionnels de santé.
L’avènement des publications en libre accès a fait émerger des pratiques douteuses, voire frauduleuses, de la part d’éditeurs peu scrupuleux, motivés par les gains financiers résultant du paiement par les auteurs. Les revues dites « prédatrices » (ou illégitimes, ou frauduleuses) constituent une menace croissante et mondiale, dupent les auteurs et les lecteurs, et participent à la mauvaise conduite scientifique. Le Code européen de conduite pour l'intégrité de la recherche indique que le fait d'établir ou de soutenir des revues qui sapent le contrôle de la qualité de la recherche constitue une faute scientifique et une pratique inacceptable. Participer à l’activité de ces revues ou simplement les citer en référence dans un article constituent également un soutien à ces revues ce qui est condamné par le Code européen de conduite pour l'intégrité de la recherche. La lutte contre les revues prédatrices est inscrite dans la Charte des Facultés de médecine.
En septembre 2021 la faculté de médecine de Sorbonne Université, sous la houlette du Doyen Riou, du référent à l’intégrité scientifique le Pr. Christian Funck-Brentano, et de la Présidente de la Commission de déontologie et d’intégrité scientifique, la Pr. Florence Tubach, avait élaboré une liste de revues scientifiques, présumées non prédatrices, auprès desquelles il était recommandé de soumettre des articles pour publication. À partir de cette liste, la Conférence nationale des Doyens de médecine (Présidée par le Pr. Benoît Veber, Université de Rouen) et le CNU santé (Présidé par le Pr. Bertrand Godeau, Université Paris-Est Créteil) ont validé une liste dorénavant nationale de ces revues scientifiques. Cette liste est utile pour la publication d’articles, mais également pour la citation de références, la participation d’un expert aux processus d’évaluation par les pairs et les activités éditoriales d’une revue. Cette liste est destinée à être révisée régulièrement car elle peut involontairement inclure des revues prédatrices ou des revues qui le deviendraient, et l’inclusion de nouvelles revues pourra être nécessaire. Aujourd’hui, où la recherche et la parole scientifique sont volontiers malmenées, les Doyens de médecine et le CNU santé espèrent ainsi consolider une démarche positive pour le respect de l’intégrité scientifique. Il serait souhaitable que cette liste s’efface un jour devant un label européen de qualité des revues scientifiques.
La liste initiale de Sorbonne Université avait été constituée après la consultation d’experts de 58 spécialités médicales au sein de notre Faculté, complétée par des regards croisés interdisciplinaires. Cette liste a ensuite été travaillée par la consultation des 35 facultés de médecine française et des sections et sous-sections du CNU santé. La liste a ensuite été validée le 11 avril 2023 par la Conférence nationale des Doyens de médecine puis le 14 avril 2023 par le CNU santé réuni en session plénière.
Cette liste n’est ni exhaustive, ni parfaite. Sa mise en ligne (https://conferencedesdoyensdemedecine.org/) doit permettre de l’améliorer et de la faire vivre grâce aux réactions de la part de toute la communauté médico-scientifique. Si une revue listée est considérée comme inacceptable ou suspecte, un argumentaire pour la faire retirer de la liste peut être adressé à l’adresse suivante : Medecine-Revues-Recommandees@sorbonne-universite.fr. De la même façon, si une revue a été oubliée ou une si une nouvelle revue apparaît, un argumentaire pour l’inclure dans la liste peut être adressé à la même adresse électronique. Dans les deux cas, l’argumentaire doit être détaillé et documenté (document joint) et la Conférence nationale des Doyens de médecine et le CNU santé jugeront si la liste doit être modifiée.
Bruno Riou - Doyen de la faculté de médecine Sorbonne Université
Comment détecter une revue prédatrice ?
Pr. Christian Funck-Brentano, référent à l’intégrité scientifique de la faculté de médecine Sorbonne Université- Le délai très court d’évaluation et de publication des articles avec des évaluations médiocres.
- Un nom de revue ou un stylisme de site Web proche d’une revue de référence non-suspecte.
- Des frais peu clairs ou abusifs de soumission, d’examen des manuscrits et/ou de publication.
- Un site web mettant en avant le processus de soumission et de paiement avec plus d’insistance que celui de consultation du contenu de la revue.
- Un manque de clarté dans la description du processus d’examen des manuscrits et dans l’application de frais divers.
- L’absence ou la négligence de la vérification de la conformité éthique et réglementaire de la recherche.
- Une politique agressive et sans discernement de sollicitation des articles
- Une adresse de courriel de contact non-spécifique (par ex. @gmail.com).
- De nombreuses sollicitations pour inviter à la soumission d’articles pour les numéros à venir ou les numéros spéciaux ou des demandes de participation à des comités de rédaction.
- Comité de rédaction non connu avec très peu d’information sur l’affiliation de chacun.
- Des scientifiques internationaux non qualifiés au sein du comité éditorial (ORCID ID et/ou RESEARCH ID non vérifiables), parfois même décédés ou imaginaires.
- Des fautes d’orthographe dans les articles ou le site Web de la revue.
- Attribution aux articles d’identifiants d'objet numérique (DOI) inconnus de https://www.doi.org/.
- L’International Standard Serial Number (ISSN) d'une revue Open Access ne peut être vérifié dans le Directory of Open Access Journals (DOAJ : https://doaj.org/) et/ou le Directory of Open Access Scholarly Resources (ROAD : https://road.issn.org/).
- Aucune politique de lutte contre le plagiat, de retrait ou de rétractation n'est décrite.
- Un placement frauduleux du logo du Committee on Publication Ethics (COPE) sur le site web de la revue, sans qu'il appartienne au COPE (https://publicationethics.org/).
- Revues non rattachées à un organisme savant reconnu.
- Pas de projet éditorial clair ou plusieurs « Editors » en charge d’un même manuscrit soumis.
- La revue ne passe pas un examen attentif selon les recommandations du site https://thinkchecksubmit.org/journals/ ou d’autres sites tel le « Compass » de l’Université de Liège (https://app.lib.uliege.be/compass-to-publish/) ou la bibliothèque de l’Université Erasmus de Rotterdam (https://libguides.eur.nl/informationskillspublish/predatory).