Qu'est-ce qu'un patient partenaire?
Le diplôme d’université « mission patient partenaire et référent en rétablissement » de la faculté de Médecine permet aux personnes atteintes d’une maladie de transformer leur expérience vécue de la maladie en expertise au service de la collectivité. Dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le cancer 4 février, les témoignages d’une patiente partenaire, Katia Laurent et du professeur Catherine Uzan nous éclairent sur cette fonction de soutien aux malades.
Katia Laurent, 53 ans, a eu un cancer en 2018. Elle était à l’époque opticienne optométriste. Elle a été bien pris en charge et a été peinée de croiser une connaissance qui avait eu le même cancer, et qui se trouvait en pleine dépression. Cette dernière était pourtant une femme belle et rayonnante. Cette expérience lui a donné l’envie d’aider et d'informer les patientes et elle l’a d’abord fait au travers une association, "Faire face ensemble", dans la ville de Vannes. En lisant un article dans le magazine Rose elle découvre le terme de patient partenaire. Elle suit alors en 2021 la formation dispensée à la faculté de Médecine Sorbonne Université : DU – mission patient partenaire et référent en rétablissement (https://fc.sorbonne-universite.fr/nos-offres/du-mission-patient-partenaire-et-referent-en-retablissement/) et rencontre le Pr Catherine Uzan lors de cette formation, ainsi que le Pr Spano.
Elle prend ses fonctions de patiente partenaire en avril 2022, au sein du service de chirurgie et cancérologie gynécologique et mammaire à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Elle peut comprendre le parcours des malades et notamment le processus de perte d’estime de soi. Son expérience et la formation suivie à l’université des patients la pose en personne ressource. Elle se montre très disponible et distille des mots positifs lors de situations difficiles à accepter ou à comprendre. Elle apporte de l’écoute et de la compréhension à l’angoisse, la fatigue et l’injustice que ressentent les patientes. Le patient partenaire gagne vite la confiance du patient et pour un instant ou pour un suivi plus long, la personne en soin connaît ce soutien nécessaire pour passer l’épreuve.
Au sein du Service du Pr Catherine Uzan, une affiche annonce l’aide qu’elle peut apporter aux patients et elle est sollicitée par les patients qui le souhaitent. Ils viennent à elle s’ils en ressentent le besoin. Elle ne répond pas aux patients sur leur dossier mais sur l’estime de soi, sur l’envie de continuer, même si le pronostic est compliqué.
En service d’oncologie, elle participe à certaines consultations en binômes avec le Pr Johanna Wassermanne ou Johanna Bitton, infirmière en pratique avancée. Son vécu lui permet de mieux comprendre les patients. Et elle vit ces moments cette comme une reconnaissance. Elle prend rarement la parole, mais choisit de rebondir sur le côté positif. Par exemple, lorsque le médecin annonce une fin de soins et des analyses de contrôle. Les patients se focalisent sur le contrôle et non sur la bonne nouvelle de fin de soins. Elle est alors présente pour leur rappeler la bonne nouvelle. Elle passe également dans les services de soin où les personnes la contactent car elles se posent des questions, sont inquiètent suite à la lecture d’un article sur internet par exemple. Le patient angoissé se tournera plus volontiers vers elle que vers l’infirmière. Le patient partenaire est à disposition, mais ensuite il perd le lien une fois les soins terminés. La formation qu’il a suivie lui a appris à gérer cette rupture de ces patients dits fantôme.
Depuis que Katia Laurent a pris ses fonctions de bénévole dans le service du professeur Uzan, cet emploi la passionne et elle souhaiterait en faire son métier.