Regards croisés sur le festival : interview de Yann Domenech, directeur technique à la faculté des lettres

Vous travaillez comme directeur technique du son et de l'image à la DAC (Direction des affaires culturelles) de la faculté des lettres de Sorbonne université, pouvez-vous nous décrire en quelques mots en quoi consiste votre fonction ?

La Direction des affaires culturelles, sous la direction de mon collègue Yann Migoubert, a pour mission d'organiser des évènements et manifestations à caractère culturel et à destination des usagers de Sorbonne Université - étudiants comme professionnels - mais également des publics extérieurs, afin de faire rayonner la politique culturelle de notre université. Ma fonction de directeur technique consiste à m'assurer du bon déroulement de ces évènements, en mettant en place les solutions audiovisuelles et les personnels techniques afin de répondre au besoins de chaque évènement. Notre équipe technique doit pouvoir assurer des missions d'ingénierie lumière et son, mais également de diffusion vidéo ou de captation vidéo des différents évènements. Cette mission de captation est notamment assurée par notre technicien spécialisé dans la vidéo, Maxence Magniez, et par notre emploi étudiante audiovisuel, Valentine Petitjean. Nous assurons donc un suivi complet des évènements culturels, depuis leur préparation en amont - par la vérification de la faisabilité de l'évènement, les besoins et contraintes techniques, la sélection du meilleur lieu de représentation et de l'équipe à mobiliser, et la conformité aux règles de sécurité de Sorbonne Université - jusqu'à leur réalisation le jour J et au montage et diffusion de la captation du spectacle, lorsque celui-ci a été capté. J'ai également pour mission de m'assurer que nos équipements, qu'ils soient installés de manière fixe dans des lieux de représentations ou qu'ils soient mobiles, restent toujours en respect avec les règles de sécurité actuelles, mais répondent également aux besoins du monde du spectacle, afin d'assurer une meilleure image à l'université, en tant qu'acteur culturel à part entière. Cette mise à niveau passe à la fois par le développement de nouvelles compétences au sein de nos équipes, mais également par l'obtention de matériels audiovisuels de pointe, permettant maintenant de capter et mettre en valeur des évènements d'exceptions, à l'image du Choeur & Orchestre Sorbonne Université, du Théâtre Molière Sorbonne, ou des Fièvres musicales.

Vous participez pour la deuxième fois aux Fièvres musicales, un festival particulier car il se déroule à la fois en extérieur et en intérieur, avec des concerts en journée et en soirée, et sur des lieux espacés et multiples, dans des lieux habituellement dévolus au soin. Quels sont les défis particuliers de la gestion d'un tel festival ?

Dans le cadre du festival des Fièvres musicales, l'équipe technique de la Direction des affaires culturelles intervient uniquement sur les concerts en soirée, dans les nefs de la chapelle Saint-Louis, afin de mettre en valeur les concerts d'exception organisés dans ce lieu tout aussi exceptionnel, ceux-ci étant les seuls à exiger un apport technique. Notre principal défi réside notamment dans la mise en lumière de ces concerts. En effet, ces concerts de musique classique ainsi que la typologie du lieu amènent de nombreuses contraintes techniques, car travailler dans une église implique l'absence de système d'accrochage pour les projecteurs de spectacle. Nous devons ainsi installer les projecteurs lumière directement sur pieds dans la chapelle Saint-Louis, afin de pouvoir éclairer à la fois les artistes sans les aveugler - aussi nombreux soient ils sur scène - , mais également de pouvoir mettre en valeur l'architecture du lieu, notamment son grand orgue dans la nef principale. De plus, tous nos efforts sont multipliés par deux, les concerts se passant à la fois dans la nef principale mais également dans la nef Mazarin, et nous devons donc mettre en lumière ces deux lieux en parallèle, pour des spectacles se déroulant parfois l'un à la suite de l'autre dans la même soirée.

Certains concerts du soir seront captés par vos soins (NDLR : concerts du lundi, mardi, mercredi et vendredi soirs), pouvez-vous nous expliquer le dispositif qui sera mis en place ?

C'est en effet une grande nouveauté sur cette édition : nous allons enregistrer une partie des concerts organisés en soirée dans la nef principale de la chapelle Saint-Louis, afin de permettre à ce festival de se développer et s'ouvrir à un plus grand public. Il a été décidé avec la direction du festival, d'enregistrer des concerts qui utilisaient dans leur effectif au moins un piano, cet instrument étant le fil conducteur du festival des Fièvres musicales. Dans cet objectif, j'utilise pour l'enregistrement de ces concerts un système qui reproduit le plus fidèlement à la fois le piano - celui-ci étant équipé de quatre microphones, un pour les basses, un pour les aigus, un pour la texture sonore générale de l'instrument, et un pour capter les bruits typiques du piano, à savoir les sons de pédales et de marteaux sous le piano - mais également la sonorité générale du lieu, avec un premier couple de microphones placé en bordure de scène pour capter l'ambiance de proximité de l'instrument, et un second couple beaucoup plus loin dans la nef, afin de traduire le plus fidèlement possible l'ambiance sonore très large et diffuse de ce lieu particulier. Enfin, d'autres microphones sont utilisés pour capter chaque musicien lorsque les pièces mélangent à la fois piano et instruments complémentaires, à l'instar du concert du lundi, qui mélange piano et onze instruments à cordes.