Retours sur la nouvelle organisation pédagogique de DFASM3 à Sorbonne Université

Le groupe D4 Nouvelle Formule (D4NF) de Sorbonne Université

A la rentrée universitaire 2023-2024, les étudiants de DFASM3 ont été les premiers engagés dans la réforme du second cycle des études médicales lors de leur sixième année. Au sein de la Faculté de Santé Sorbonne Université, les enseignants se sont mobilisés pour répondre au cahier des charges et accompagner au mieux les étudiants, particulièrement inquiets d'être les premiers à passer dans cette nouvelle formule de la DFASM3. Le groupe D4NF, en lien avec le groupe ECOS de Sorbonne Université, s'était fixé pour objectifs de redonner du sens au stage, de renforcer les liens entre enseignants et étudiants et de préparer les étudiants aux ECOS et à leur prise de fonction. Pour cela, la réorganisation de l'année de DFASM3 a pris en compte l'enseignement en stage au sein des hôpitaux et l'enseignement facultaire.

Les stages ont été pensés pour une montée en charge progressive avec un stage mi-temps initial de 14 semaines puis un stage temps plein de 11 semaines permettant aux étudiants de revenir faire les CV après les cours. Pris entre les congés post EDN et la préparation des ECOS nationaux, le temps en stage ne pouvait dépasser 25 semaines. Un contrat pédagogique a été demandé à chaque terrain de stage comprenant une fiche de poste de DFASM3 pour anticiper leur apprentissage et leur venue. Au niveau facultaire, à côté du module de sciences humaines et sociales (SHS), des unités d'enseignement libres et des jeux de rôle et EVALRESO, des ateliers interactifs (AI) ont été créés, reposant sur les principes suivants : intégrés à l’hôpital par petits groupes (15-25 étudiants) dans des salles réservées sur les sites hospitaliers accueillant des étudiants de DFASM3, ciblant des connaissances/compétences transversales des spécialités, permettant aussi de mieux les préparer à leur prise de fonction d’interne.

Ces ateliers interactifs (AI) ont occupé deux fois par semaine 21 salles d’enseignement et mobilisé 22 enseignants par session sur 2 ateliers successifs. Lors du premier AI (jeudi), les étudiants travaillaient sur un ARC, puis composaient 3 ECOS et finissaient avec un module de gestion du stress. Lors du second AI (mardi), les étudiants jouaient les 3 ECOS lus dont un fourni et validé par le groupe ECOS de Sorbonne Université. Puis les fiches thérapeutiques propres à chaque spécialité étaient discutées avant un temps d'échange. En complément, dans la seconde partie de l'année, des conférences de révision de connaissances nécessaires aux ECOS (conférences ECOnnaissances) et s'appuyant sur les 10 à 15 principales "situations de départ" ont été créées. Quinze conférences au total ont été créées, se déroulant en distanciel une à deux fois par semaine. D'emblée, le groupe D4NF a anticipé la nécessité d'évaluer la nouvelle organisation tant du côté des étudiants que des enseignants.

Cette évaluation s'est déroulée en juin 2024 et reposait sur des échelles de Likhert sur 5 réponses oui ou non donnant un pourcentage. D'après les évaluations, les étudiants soutiennent le travail en petits groupes (3,9/5), les salles au sein de l’hôpital (4,7/5), le nombre et la durée des AI (3,4/5) et jugent l'ambiance générale propice à l'apprentissage (4,1/5). Ils trouvent les enseignants ponctuels (4,2/5), à l’aise avec leurs sujets (3,9/5) et les salles de cours adaptées (3,9/5). Près de la moitié des étudiants a participé à plus de 75% des AI de composition et près des trois quarts aux AI de restitution. Jouer les ECOS en sous-groupe les prépare bien aux ECOS (4,7/5) et à leur futur métier d'interne (4/5). S'ils croient moins aux ARC pour se préparer aux ECOS (2,9/5), ils les jugent plus utiles pour leur future fonction d'interne (3,4/5) comme les vignettes cliniques (respectivement 2,7 et 4/5). De même, ils interrogent la pertinence des compositions d'ECOS (2.8/5) mais surtout le fait d'en faire toute l'année (2/5).

Finalement, une grande majorité des étudiants (79%) trouvent les AI adaptés à leurs objectifs d’apprentissage. Leurs suggestions comprennent plus d'ECOS en petits groupes (92%), moins d'AI de composition (84%), plus d'exhaustivité sur les vignettes thérapeutiques (64%), sans diminution des ARCs. L'évaluation du module "Gestion du stress" montre une adhésion encore insuffisante. Les conférences ECOnnaissances sont jugées efficaces dans leur format et leur contenu (4/5), le format distanciel et la durée étant plébiscités (4.6 et 4.2/5). Enfin, les stages sont considérés comme moyennement formateurs pour les ECOS (3,1/5) mais utiles pour leur futur métier (4,1/5). Les étudiants ne soutiennent pas le stage temps plein pour les préparer aux ECOS (2,2/5) mais pour leur futur métier (4/5). Ils rapportent avoir fait au moins un stage "planque" dans 50% de leurs affectations et seuls 30% des étudiants ont fait un vrai temps plein. Au final, les étudiants jugent à 64% que les stages sont un obstacle à la préparation des ECOS. Les commentaires libres sont peu nombreux mais riches en remerciements et félicitations. Il est proposé de faire le module de "Gestion du stress" en début d'AI et de faire plus de conférences ECOnnaissances. Pour les enseignants, composés en majorité de chefs de cliniques assistants, 35% avaient un a priori négatif et parmi eux, 50% étaient inquiets de la nouveauté pédagogique. Les départements d'enseignements ont fourni un synopsis détaillé (100%) d'après le modèle produit par le groupe D4NF, jugé utile à 99% avec une qualité de précision (4.3/5) et ils ont organisé des réunions de calage (91%) jugées utiles (4.3/5). Seuls 15 % ont rencontré des problèmes organisationnels.

Les ateliers interactifs (AI) se sont déroulés dans une bonne ambiance (4.1/5) avec un plaisir à les faire (3.5/5), peu de difficultés pour gérer les 3 sous-groupes ou pour réaliser les ARC mais un peu plus de difficultés à guider les étudiants dans l’élaboration de l’ECOS et dans la restitution de l’ECOS. La participation des étudiants a été jugée bonne lors des AI (4.1/5). Pour les enseignants, les AI représentent une bonne préparation aux ECOS (3.4/5) mais moins pour le métier d’interne (2.9/5), des difficultés à percevoir le module de gestion du stress (2.3/5). Avec un nombre moyen de 14 étudiants par ateliers, les AI sont jugés comme un moment pédagogique appréciable (3.5/5) avec un accord fort pour y participer l'année suivante (61% tout à fait, 30% sous réserve). Les commentaires libres interrogent la composition d'ECOS toute l'année, de tout regrouper en un seul AI, et décrivent la gêne des étudiants à restituer l’ECOS devant le groupe.

Au total, Sorbonne Université a su innover et accompagner les étudiants en créant ex-nihilo une nouvelle année d'enseignement. Cela a reposé sur un engagement et une réactivité très forts et remarquables de très nombreux enseignants. Il reste à montrer que les ECOS remotivent les étudiants à aller en stage, plutôt que d'apprendre par coeur des grilles d'ECOS, surtout quand l'organisation autour des EDN et des ECOS nationaux les tient loin des stages pendant 9 mois entre l'année de DFASM2 et de DFASM3.


Pr Jacques BODDAERT
Vice-doyen délégué chargé des stages et de la 6e année des études
Chef de service du département de gériatrie Pitié-Salpêtrière