Un mécénat de Quercia Venture Management en faveur de la recherche sur les obésités
Un programme de recherche innovant sur la thématique « Nutrition et Obésités : approches systémiques », porté par le Professeur Karine Clément et son équipe, bénéficie du mécénat de la société Quercia Venture Management.
Nous vivons actuellement une épidémie mondiale d'obésité résultant des interactions entre notre patrimoine génétique et de nombreux facteurs environnementaux. Même si des progrès sont constatés dans l’évolution des traitements, les approches hygiéno-diététiques et médicamenteuses actuelles ne permettent pas de traiter efficacement et durablement toutes les formes d’obésités et leurs complications associées (diabète de type 2 : DT2, maladies cardiovasculaires, dyslipidémies, etc.). De plus, bien que la chirurgie bariatrique soit l’approche la plus efficace pour traiter les individus souffrant d’obésité sévère, cette intervention reste lourde et elle est réservée aux patients les plus sévères. Selon des estimations, 20 % des adultes de la population mondiale seront atteints d’obésité d’ici 2030 et plus de 511 millions souffriront de DT2. De nouvelles cibles thérapeutiques et de nouveaux traitements doivent être développés, afin d’améliorer la prise en charge thérapeutique des patients, de prévenir le développement et la progression de l’obésité et d’empêcher l’apparition de complications. L’enjeu est donc mondial et il est important de développer de nouvelles solutions thérapeutiques.
Le microbiote intestinal (MI), c’est-à-dire les quelques 100 000 milliards de microorganismes (virus, bactéries, archées, champignons) qui colonisent le tractus digestif, constitue une des cibles thérapeutiques prometteuses étant donné qu’il a été identifié, il y a une vingtaine d’années, comme un nouvel acteur impliqué dans la physiopathologie de l’obésité et des troubles métaboliques associés.
Le laboratoire NutriOmique (UMRS 1269) du Pr Karine Clément s’est spécifiquement intéressé à l’étude d’une bactérie de nouvelle génération proche de la famille des Sutterellaceae, pour définir si cette dernière peut avoir un rôle bénéfique pour la santé métabolique et le diabète de type 2.
En effet, des résultats convergents résultant de l’analyse du microbiote par séquençage et par PCR quantitative dans plusieurs projets, permettent l’observation récurrente d’une association positive entre l’abondance d’une espèce bactérienne de la famille des Sutterellaceae dans le microbiote fécal et la santé métabolique (poids moindre et meilleure tolérance au glucose). Cette espèce a été isolée en 2017 du contenu caecal de souris. En particulier, il a été montré que la proportion de sujets obèses présentant des niveaux détectables de cette espèce (20 %) était significativement inférieure à celle observée avec des individus de corpulence normale (35 %). De plus, au sein d’une population obèse, cette espèce a été détectée exclusivement chez les patients dont la glycémie à jeun est normale, c’est-à-dire inférieure à 1,1 g/L. Chez la souris, son abondance semble également être associée à une meilleure santé métabolique étant donné qu’elle est augmentée par la chirurgie bariatrique ainsi que par la supplémentation en prébiotiques.
L’identification de ces associations nécessitait cependant d’évaluer les effets causaux de cette bactérie sur le phénotype métabolique des rongeurs.
Durant l’année 2021/2022, l’équipe a pu mettre en évidence que cette bactérie était plus abondante dans l’intestin grêle et en particulier dans le contenu iléal des souris sous régime contrôle. Chez le rongeur, l’équipe a également montré que son abondance était fortement diminuée par un régime hyper-lipidique montrant l’impact de l’alimentation sur l’abondance de cette bactérie.
Les associations positives entre l’abondance de cette espèce des Sutterellaceae et un statut métabolique sain chez les humains et les souris laissent supposer un impact bénéfique de cette bactérie sur la santé de l’hôte sans toutefois réellement le démontrer.
Ainsi l’équipe a cherché à confirmer ou à infirmer le rôle causal de cette bactérie d’intérêt sur la santé métabolique des souris. Dans une première étude, l’équipe a finalement montré que cette bactérie agissait favorablement sur la composition corporelle et le métabolisme glucidique sans affecter ni la prise alimentaire, ni le temps de transit, ni la quantité de calories absorbée à partir de la nourriture.
Le programme de recherche auquel Quercia Venture Management apporte généreusement son soutien financier, se déroulera sur 3 ans et vise donc à :
1. Confirmer :
(a) les résultats des études préliminaires en augmentant les effectifs des cohortes humaines et en étudiant les associations entre l’abondance de cette bactérie, le régime alimentaire et la prise de médicaments, et
(b) les données initiales obtenues en répétant l’expérience en modèle murin et en réalisant des tests métaboliques complémentaires.
2. Mettre en évidence les mécanismes d’actions par lesquels cette bactérie impacte la physiologie des souris en :
(a) identifiant quelles sont les voies métaboliques modulées par cette bactérie, et
(b) déterminant comment et par quels effecteurs cette bactérie module ces voies métaboliques.
Des résultats prometteurs pourraient à terme mener au développement d’un nouveau probiotique et/ou d’un postbiotique, visant à limiter la prise de poids corporel et l’altération du métabolisme glucidique chez des individus souffrant de surpoids ou d’obésité.
Professeur Karine Clément – NutriOmique Research group - Sorbonne Université-Inserm
Florence Mahé-Dombis - Directrice Mécénat Santé Médecine - Fondation Sorbonne Université