Universitarisation de la médecine palliative

Universitarisation de la médecine palliative (sous-section 46-05 du CNU-Santé) : Sorbonne Université Santé est dans le quarté des premiers postes hospitalo-universitaires spécifiques de la discipline. Quatre premiers emplois hospitalo-universitaires de médecine palliative en France ont été créés, dont le poste du Dr Laure Serresse à Sorbonne Université.

La médecine palliative, dans le passé centrée sur l'accompagnement de la fin de vie et particulièrement développée dans le domaine des maladies malignes, connaît de profondes mutations. Elles sont le nécessaire corollaire des progrès médicaux qui permettent à des patients de plus en plus nombreux de vivre de plus en plus longtemps dans des conditions de grande vulnérabilité, physique, psychologique, et sociale, avec un impact de plus en plus marqué sur leurs proches aidants. Ces mutations sont aussi liées à la prise de conscience de plus en plus forte de l'intérêt et de la nécessité d'une médecine globale et intégrative. La médecine palliative se conçoit désormais autant tournée sur l'accompagnement de la vie tout au long de l'évolution de la maladie chronique que sur le seul accompagnement de la fin de la vie. Elle devient précoce et intégrée aux autres spécialités, plutôt que d'en prendre le relais. Consistant en une démarche active et dynamique, faite d’évaluations, de réévaluations, d’ajustements, et de dialogues, elle se donne l'objectif que soignants, patients et aidants arrivent à construire ensemble le meilleur projet de soins et de vie, associant quantité et qualité de vie et privilégiant anticipation et autonomie. Dans le contexte de changements profonds de la notion d'accompagnement que porte la médecine palliative, celle-ci est confrontée à des défis majeurs, en particulier dans le système de santé français. Elle souffre en effet d'un important déficit d'effectifs, d'une sous-représentation marquée dans le domaine de l'enseignement et d’un important retard dans celui de la recherche.

Il s'agit là de l'une des raisons de la création, en 2016, d'une sous-section "médecine palliative" au sein de la branche santé du Conseil National des Universités (sous-section 46-05, initialement baptisée "épistémologie clinique" et ultérieurement renommée -en 2019- de façon plus "raisonnable"). Cette sous-section, constituée d'hospitalo-universitaires issus de diverses disciplines, a prononcé au cours du temps la nomination de professeurs associés de médecine palliative sur l'ensemble du territoire national, mais, jusqu'en 2023, d'aucun hospitalo-universitaire faute de candidats répondant aux critères requis pour l'entrée dans cette carrière. Pour autant, le rapport d'information n° 866 (2020-2021), déposé le 29 septembre 2021 devant le Sénat, et portant sur les soins palliatifs en France, propose explicitement de "structurer une filière universitaire de soins palliatifs, en renforçant le nombre de postes de PU-PH, de chefs de service et d'assistants".

La révision des effectifs hospitalo-universitaires 2023 est le point de départ de cette structuration, avec la création conjointe par les deux ministères concernés de 4 emplois de MCU-PH en métropole, au sein des facultés de Lille, Nantes, Rennes, et de Sorbonne Université. Il s'agit des 4 premiers emplois hospitalo-universitaires "spécifiques" de médecine palliative en France. À la faculté de santé Sorbonne Université, cette création d'emploi a permis le recrutement du Dr Laure Serresse, MCU-PH Sorbonne-université. AP-HP  (photo ci-contre), lancée dans un parcours universitaire depuis 2019 et ayant soutenu sa thèse d'université en décembre 2022.

L'universitarisation de la médecine palliative est donc en marche dans notre faculté, renforcée par l'obtention, sur réponse à un appel à projets ministériel, d'un poste de CCA sur 2023-2025. Du point de vue de l'enseignement, elle permettra de renforcer et de développer des enseignements dont l'existence ancienne témoigne de l'intérêt historique de Sorbonne université pour le sujet. 

Du point de vue des soins, elle s'inscrit dans la politique hospitalo-universitaire du GHU visant à y développer et à y structurer, transversalement, la place de la médecine palliative, et qui a été marquée au cours de ces dernières années du côté hospitalier, par la création d'un service multisite, la création ou l'individualisation de nouvelles unités de soins, et les premiers recrutements médicaux et paramédicaux dans ce domaine depuis de nombreuses années. Du point de vue de la recherche enfin, cette universitarisation doit pouvoir être le point de départ comblement d'un déficit encore très important. À cet égard, l'obtention par le Dr Serresse du "prix du meilleur article 2022" décerné par la revue "Palliative Medicine" (1, 2) est un premier signe favorable.

Thomas Similowski, président de la Commission Médicale d’Établissement Locale (CMEL)
Bruno Riou, doyen de la Faculté de Santé Sorbonne Université

(1) Serresse L, Guerder A, Dedonder J, Nion N, Lavault S, Morélot-Panzini C, Gonzalez-Bermejo J, Benoit L, Similowski T. 'You can't feel what we feel': Multifaceted dyspnoea invisibility in advanced chronic obstructive pulmonary disease examined through interpretative phenomenological analysis. Palliat Med. 2022 Oct;36(9):1364-1373. doi: 10.1177/02692163221118198. PMID: 36154535.

(2) Voir communiqué de presse du 26 juin 2023