Virus MonkeyPox : le point sur la prise en charge
Décrété comme « urgence de santé publique de portée internationale » par l’OMS en juillet 2022, le virus de la variole du singe (MonkeyPox) ou variole simienne a fait l’objet d’une vigilance renforcée cet été en France et donnant lieu à 90 000 vaccinations. Transmise à l’origine par des rongeurs à l’homme, puis de personne à personne par gouttelettes ou contact rapproché, les symptômes de cette maladie infectieuse sont comparables à ceux de la variole même si celle-ci est moins sévère. Le professeur Valérie Pourcher, infectiologue et cheffe du service des maladies infectieuses à la Pitié Salpêtrière, répond à nos questions.
Professeur, comment les services de l’AP-HP se sont-ils organisés cet été pour faire face à l’afflux de patients contaminés ?
Avec le service des maladies infectieuses de l’Hôpital Bichat, nous avons géré les cas confirmés les premières semaines, en réalisant le diagnostic et la prise en charge des patients. Nous avons participé aux réunions avec la Direction générale de la Santé et l’ARS pour améliorer le circuit des patients, celui des prélèvements et débuter la mise en place de la vaccination contre le virus. En l’espace de trois mois, nous avons reçu plus de 460 patients à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière. La vaccination a ensuite été ouverte à d’autres centres de santé ou hôpitaux.
En tant qu’infectiologue, quel a été votre rôle dans la gestion de cette crise ?
En tant que médecin, j’ai pris en charge des cas suspects et des cas confirmés. J’ai assuré la prévention et la protection des personnes autour des cas. Il s’agissait de faire à la fois de la prévention, du diagnostic et de la gestion des patients avec un diagnostic confirmé.
Que sait-on des modes de transmission de cette maladie infectieuse ? Concerne-t-elle la population française ou reste-t-elle circonscrite à quelques communautés ?
Ce que l’on a vu depuis le mois de mai, ce sont les mêmes types de transmission (principalement contacts sexuels et rapprochés, relations sexuelles entre hommes). Il faut être en contact suffisamment de temps et à une distance faible pour contracter le virus.
Est-ce grâce à la vaccination et à la prévention que le virus a pu être endigué à la fin de l’été ?
La vaccination et une éducation des personnes à risques (qui ont réduit également leurs prises de risque), ont participé à la diminution des cas et de la courbe de contamination. Néanmoins, il faut rester prudent car il y a probablement une sous-déclaration des cas.
Une vaccination à grande échelle aurait-elle un sens ou concerne-t-elle uniquement les populations à risques ?
La priorité a d’abord été de vacciner les populations à risque. C’est seulement l’évolution de l’épidémie qui dira s’il y a une nécessité à ouvrir ou non la vaccination plus largement ce qui n’est pas le cas à ce jour.
Les vaccins antivarioliques de la fin des années 70 sont-ils efficaces contre cette maladie infectieuse ?
Pour l’instant les études sont en cours et nous n’avons pas suffisamment de données fiables et sûres.
Les personnes vaccinées contre la variole de 3e génération par le passé n’ont reçu qu’une seule dose de vaccin contre le MonkeyPox. Les niveaux de protection sont probablement différents, d’autant que la variole du singe diffère de la variole humaine.
La vaccination protège-t-elle efficacement contre la transmission de ce virus ?
Nous n’avons pas suffisamment de recul pour dire si les personnes vaccinées contractent quand même la maladie car nous avons commencé à vacciner il y a seulement trois mois. Dans le discours de prévention, nous expliquons aux patients qu’il faut limiter les prises de risque et que la protection 100% en vaccination n’existe pas.
Les vaccins ont-ils été bien tolérés ?
Dans la majorité des cas, oui, avec peut-être une douleur au point d’injection et quelques courbatures.
En dehors de la vaccination existe-t-il un traitement ?
Des traitements ont été donnés pour traiter la douleur et désinfecter les plaies. Il existe un traitement pour les cas plus graves mais nous ne l’avons pas utilisé à ce jour.
Quoiqu’il en soit si les patients n’évoluent pas favorablement, ils peuvent revenir nous voir, nous les prenons en charge en urgence sans rendez-vous.