• Science, culture et société

Regards croisés sur le festival : interview de François Pinel

  • Du 17 juin. 2024 au 23 juin. 2024

Pianiste et chef d'orchestre, François Pinel participe pour la troisième fois aux Fièvres musicales. Regards croisés sur le festival depuis le podium d'un chef.
Cette  année vous dirigez pour la première fois l’orchestre symphonique des médecins de  France. Quels sont les défis particuliers de la direction des orchestres  amateurs ?
 

Le  principal défi du chef d’orchestre est d’obtenir le meilleur, individuellement et collectivement, des musiciens qui lui font face, le fait qu’ils soient amateurs ou professionnels n’y change rien. 
La  véritable question avec les ensembles amateurs ou peu expérimentés est  de savoir à quelle hauteur l’on s’autorise à placer la barre ? Cet  aspect varie bien entendu en fonction du niveau des instrumentistes, des  difficultés que contiennent les œuvres à interpréter et du temps de  répétition qui nous sépare du premier concert, mais le but recherché est  bien de placer cette barre le plus haut possible, tout particulièrement  en cette année olympique. C’est pour cette raison que je demande aux  musiciens la même exigence dans le travail et la même concentration,  quel que soit leur niveau et leur expérience. 

Quel a été votre parcours de formation à la direction ? 

J’ai  eu la chance de rencontrer le chef allemand Robin Engelen au  conservatoire royal de Bruxelles et de travailler avec lui plusieurs  années. Cependant, malgré cet enseignement de très haute qualité, je  suis convaincu que la véritable formation au métier de chef d’orchestre  se fait en répétition, avec les musiciens. Bien entendu le savoir  théorique est absolument considérable et celui-ci s’acquiert dès le plus  jeune âge, notamment via l’étude, la lecture, l’enseignement, la  pratique instrumentale en soliste ou au sein d’un ensemble, mais aussi  au travers des différentes expériences qui jalonnent notre vie, mais le  véritable apprentissage se fait sur le podium, de la première répétition  au dernier geste du concert. On y apprend notamment à communiquer (par  le geste de préférence), on se trompe aussi parfois, et les musiciens  sont souvent les premiers à vous le faire remarquer. 

C’est la troisième année consécutive que vous venez diriger au festival, que trouvez vous de particulier ici ? 

Il  y a d’abord le lieu. Le vaste complexe de l’hôpital de la Salpêtrière  est un endroit étonnant, à la fois calme et extrêmement vivant, situé en  plein coeur de Paris. C’est avant tout un endroit où l’on soigne, et  l’idée d’y faire entrer la musique me semble aller dans ce sens, un sens  profondément humain. 
Aussi,  ce qui fait l’originalité du festival, c’est bien cet équilibre entre  pratiques amateurs et musiciens professionnels. En journée, de la  musique aux patients et aux personnels soignants, dans les chambres,  couloirs, et jardins, avec des amateurs. Le soir, des concerts avec des  professionnels accueillent un public de plus en plus nombreux dans la  chapelle, édifice du XVIIème aussi grandiose dans ses proportions que  modeste dans ses ornements.
J’ai  dirigé en effet deux années de suite au festival à la tête de  l’ensemble instrumental Ondes Plurielles, partageant la scène avec des  solistes de grands talents (Pierre Fouchenneret, Déborah Nemtanu et Lise  Berthaud) dans des œuvres de Mozart, Schumann et Brahms (symphonies N°2  et N°4). Cette année nous jouerons Borodine et Dvorak en clôture du  festival avec l’Orchestre symphonique des Médecins de France, j’ai hâte d’y être !