Toxicité synergique de la lumière bleue et de la pollution pour la rétine
Invité par Serge Picaud de l'institut de la vision, Patrick J Rochette du département de recherche en ophtalmologie de l'Université Laval au Canada donnera une conférence qui portera sur la "toxicité synergique de la lumière bleue et de la pollution pour la rétine".
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Le 04 Mar. 2024
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11:30
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Conférence
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Hôpital des 15-20, Amphi Bailliart - 3e étage
Résumé
Le tabagisme et l'exposition à la lumière bleue visible de haute énergie (HEV ; 400-500 nm) sont des facteurs de risque environnementaux de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), principale cause de cécité dans les pays industrialisés. Individuellement, il a été démontré qu'ils causent des dommages à la rétine. Nous avons étudié la photo-toxicité de la fumée de combustion organique (cigarette, combustion du bois) lorsqu'elle est combinée à la lumière HEV sur les cellules rétiniennes. Nous avons constaté que cette toxicité est due à la photo-oxydation de différents composés. Nous avons ensuite identifié un composé photo-sensible spécifique, l'indénopyrène (IcdP), un important hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP) dérivé de la combustion organique, qui peut s'accumuler dans la rétine. L'absorption de la lumière HEV par des concentrations nanomolaires d'IcdP présentes dans les cellules rétiniennes entraîne des changements dégénératifs comparables à ceux observés dans la DMLA. En utilisant des cellules rétiniennes humaines exposées simultanément à des doses faiblement toxiques d'IcdP et de HEV, nous avons constaté que, malgré la génération d'un stress oxydatif, l'impact toxique de la lumière IcdP-HEV sur les cellules n'est pas une conséquence directe des réactions d'oxydation photosensibilisées. Au contraire, leur interaction entraîne la perte du couplage étroit entre les deux phases métaboliques garantissant une détoxification efficace de l'IcdP. Nos travaux laissent entrevoir que le mode de vie et la pollution environnementale pourraient être des modulateurs importants de la toxicité de la lumière du VHE dans la rétine.
Biographie
Patrick J Rochette est professeur titulaire et doyen du département de recherche en ophtalmologie de l'Université Laval. Il est également chercheur principal au Centre de recherche du CHU de Québec, Canada. Il est spécialisé dans la photobiologie et, plus précisément, dans les conséquences moléculaires de l'exposition aux rayons ultraviolets et à la lumière bleue. Le laboratoire du Prof. Rochette s'intéresse à deux domaines d'étude : la photobiologie oculaire et la photobiologie cutanée. Au niveau cutané, les cellules de la peau sont utilisées comme modèle pour étudier les mécanismes de protection contre la génotoxicité des UV. Au niveau oculaire, ses recherches visent à comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans l'influence des UV/de la lumière bleue et de la pollution atmosphérique sur la santé oculaire.