Raphaël Vialle

Raphaël Vialle, professeur de chirurgie infantile à Sorbonne Université et chef du service de chirurgie orthopédique et réparatrice de l'enfant de l'hôpital Armand Trousseau, vient de prendre ses fonctions de vice-doyen chargé des affaires internationales et de l'Europe.

Membre de nombreuses sociétés nationales et internationales, il a publié plus de 200 articles scientifiques et rédigé plus de 40 chapitres de livres. Son domaine d'expertise porte sur le diagnostic et le traitement des déformations neuromusculaires du système musculo-squelettique, avec un intérêt particulier pour les déformations de la colonne vertébrale et du thorax chez les enfants et adolescents.

En tant que chef du service de chirurgie orthopédique et réparatrice de l'enfant, il coordonne des activités cliniques, d'enseignement et de recherche en chirurgie orthopédique de l'enfant et forme les étudiants hospitaliers et les internes de chirurgie.

Promoteur de partenariats académiques entre la France et la Chine, il a participé au programme "Young Leaders" de la Fondation France-Chine en 2018. Membre de la Fondation France-Asie, il participe à de nombreuses initiatives entre la France, la Chine, l'Inde et le Japon dans le domaine de la santé.

Affaires internationales et coopération universitaire

"J'ai accepté ce rôle en partie parce que je voyage souvent dans le cadre de mon expertise en chirurgie de l'enfant. La France est très avancée dans ce domaine, mais il est essentiel de ne pas se contenter de nos acquis et de regarder ce qui se fait ailleurs. C'est encore plus important pour les étudiants en médecine et des autres disciplines de santé de Sorbonne Université comme la maïeutique ou les autres disciplines paramédicales.
Voyager permet d'apprendre des pratiques différentes et d'enrichir notre propre approche. Même si la médecine française est très performante, nous avons beaucoup à gagner en observant d'autres méthodes et en adaptant nos pratiques pour être plus ouverts d'esprit et empathiques envers les patients. Voyager m'a toujours permis de revenir avec des idées nouvelles, tant sur la collaboration avec mes collègues que sur la relation avec les patients. Cela permet aussi de mieux comprendre les différences dans les systèmes de santé étrangers et d'ajuster notre propre façon de soigner.
L'Inde, avec ses 1,7 milliard d'habitants, est désormais le pays le plus peuplé. Bien que son organisation soit moins structurée que celle de la Chine et qu'elle connaisse encore des défis majeurs liés à la pauvreté, l'Inde enregistre des progrès significatifs. Sa population, nombreuse et très motivée, possède en outre une excellente maîtrise de l'anglais, ce qui constitue un avantage par rapport à la Chine. Leur capacité à s'engager dans la recherche est remarquable. Sorbonne Université est à l'origine d'un projet de campus universitaire franco-indien avec l'Institut des technologies de Delhi, un centre d'excellence avec des centaines d'ingénieurs travaillant dans de vastes infrastructures. Pour un étudiant ou un jeune chercheur, un séjour de seulement quelques semaines dans un tel environnement est extrêmement enrichissant et stimulant, suscitant de nouvelles idées et des ambitions pour des projets souvent inattendus.
À la Faculté de Santé, nous faisons du soin, de l'enseignement et de la recherche. Il est important de toujours garder cet équilibre. Les mobilités d'étudiants doivent être favorisées au sein d'équipes où il y a non seulement des soins, mais aussi de la recherche clinique et de l'enseignement, que ce soit en Inde, aux États-Unis ou en France. Ces trois aspects sont essentiels".

Comparaisons culturelles en médecine à l'échelle internationale

"J'ai déjà collaboré et travaillé avec des anthropologues et philosophes spécialisés dans le domaine de la santé. Ils ont mené des recherches dans les blocs opératoires, observant comment se déroulent les opérations, qui prend le leadership et comment interagissent les équipes? C'est très intéressant car ces dynamiques sont parfois différentes en fonction de la culture du pays. Par exemple, le fonctionnement d'un bloc opératoire aux États-Unis est totalement différent de celui en Chine ou en France. Aux États-Unis, le chirurgien a un leadership important et le bloc opératoire n'est pas accessible aux personnes étrangères à l'acte chirurgical proprement dit. Les visiteurs, ingénieurs, étudiants doivent le plus souvent se contenter d'observer l'intervention à distance à travers une vitre ou grâce à une retransmission à distance. Cette situation est en grande partie imposée par les risques légaux encourus en cas de complication chirurgicale. En revanche, en Inde ou en Chine, l'accès est beaucoup plus souple, plus proche de ce qu'on peut voir en France.
Au Japon, la hiérarchie est extrêmement respectée. Le chef du service, qui détient le savoir, reste en poste pendant des décennies, souvent jusqu'à un âge très avancé, et personne ne remet en cause son autorité. C'est un modèle très traditionnel, également différent des contraintes légales américaines, mais basé sur le respect du savoir et de l'ancienneté".

Enseignement et recherche dans une perspective globale

"Mon objectif en acceptant ce poste est de renforcer l'attractivité de notre faculté de santé et son rayonnement international. Je souhaite également inciter nos étudiants toujours plus nombreux à oser l'expérience de la mobilité dans un autre pays pour y découvrir une autre façon de soigner et d'apprendre. Ces ambitions doivent également soutenir les collaborations et les échanges internationaux entre les enseignants et les chercheurs confirmés de notre faculté. Mon but n'est pas de signer des conventions sans qu'elles ne génèrent une réelle coopération internationale. Une convention sans relations solides ne mène à rien. Si les équipes ne se connaissent pas, personne ne s'impliquera vraiment, et l'accord restera sans impact. À Sorbonne Université, nous privilégions des partenariats de qualité, comme par exemple au sein de l'alliance Sorbonne Université, où des liens forts et durables sont garants de belles coopérations".